La photo m’accompagne depuis plus de 30 ans. J’ai longtemps travaillé sous d’autres formes d’expression artistique, notamment la musique, pendant 20 ans. C’est dans ce cadre, en quête de réponse visuelle à une pratique de musique expérimentale, que je me suis peu à peu tourné vers la vidéo, dont j’ai finalement fait mon métier. Le hasard m’a poussé vers le cinéma d’animation notamment dans les domaines de la stop-motion et de la pixilation, où l’usage de la photographie est central.
Lorsque j’ai démarré (Hiver 2015) mon projet Agius, mon intention était d’explorer les possibilités de confronter la nudité de l’auto-portrait à la technique de la pose longue et d’un lighting mobile pour en extraire comme l’essence même du corps. Une nécessité s’est vite imposée de représenter la capillarité du corps, sa perméabilité mais aussi sa vulnérabilité face aux images et récits d’un passé/présent global et personnel. Agius Project trace une carte d’identité d’un corps qui tend ses racines, ses origines vers une vérité qui lui est propre, dans une quête de l’autre et du monde tel qu’il est.
Chaque autoportrait est issu d’une prise de vue effectuée en pose longue (exposition : de 2’’ à 30’’). Il s’intègre à une série d’images. Chaque série à travers la forme et l’engagement du corps pose la question de l’espérance du monde là où un rayon de lumière tempère l’accablement d’un avenir sans futur. Les fonds noirs, ombres muettes et absurdes, mettent en lumière un corps radical comme réponse unique au chaos de l’histoire.
Erik Grillo